Pages

mardi 7 août 2018

Une apparition à Kobe



De retour à Kobe, au détour d'une rue déserte, une curieuse rencontre. A une heure avancée de la soirée, entre chien et loup pour ainsi dire, j'ai croisé ce renard en maraude. Il avançait prestement mais de manière confiante, sans me jeter un regard. Il semblait un habitué du quartier. 

On lit parfois des articles sur ces visiteurs nocturnes des grandes villes modernes: des renards à Londres, des blaireaux à Berlin, des ratons-laveurs à Toronto. On sait que ces animaux habiles et discrets cohabitent en silence avec nous. 

Mais le croiser là, comme ça, avec sa démarche si naturelle, ça jette un trouble. Après tout, je serais plus étranger que lui à cette ville...

dimanche 5 août 2018

Autour de Naruto


Naruto, préfecture de Tokushima. C'est un village assez ennuyeux, je dois bien avouer. Je m'attendais, (j'espérais) quelque chose de plus traditionnel; je peine à trouver des petits jardins de seuil.

Néanmoins, je trouve du charme à cette petite rue et sa vue sur le pont autoroutier.


jeudi 8 février 2018

Taro à Naruto



Une culture de Taro aux abords de la ville de Naruto, dans la préfecture de Takushima.

On repère facilement depuis la route les grandes feuilles en cœur de cette Aracée. J'en avais cultivé à la maison, à partir de tubercules achetés dans une épicerie spécialisée et je suis content d'en voir "en vrai". Un peu surpris aussi de tomber par hasard sur sur cette luxuriance; il faut dire qu'on est à 34° de latitude, soit à peu près au niveau de Tanger et Casablanca.

Je vais descendre encore un peu plus au sud du Japon, pour voir ce qu'on y trouve.

samedi 13 janvier 2018

Caniformes de France métropolitaine

Pour faire la différence, pour bien me représenter, j'ai besoin de classer, de mettre en ordre. En travaillant dans la botanique, en travaillant à distinguer des plantes entre elles, on se rend compte qu'on a besoin de repères. Cette plante a 4 pétales en croix et une tige bien lisse et un peu glauque, c'est sûrement une Brassicaceae. Le Tanuki il ressemble vachement au raton laveur et il marche à 4 pattes, donc Socrate est un chien?

Le cerveau humain a besoin de ranger les choses dans des boites, et le mien est typique en cela. La classification d'un groupe d'êtres vivants a ceci de pratique qu'elle permet de poser les choses à plat et de s'y retrouver. Le cerveau se dit: "attends OK ouais, les trucs avec des grandes tiges on va les mettre avec les trucs qui ont des grandes feuilles comme ça on y verra plus clair". On fait des grands groupes de ressemblants, on les classe en fonction de critères qu'on choisi stables. Des fois on fait des erreurs, on recommence, on s'amuse, c'est le jeu des 7 familles, c'est le grand jeu de la classification, c'est le jeu de la vie.



Le Tanuki, ou chien viverin (Nyctereutes procyonoides) est donc un canidé comme, en France métropolitaine, le chien, le loup et le renard. Originaire d'Asie, il a été introduit accidentellement en Europe. Échappé des lieux de souffrance où on l'élève pour sa fourrure. Rien que pour ça je dis respect, et bienvenu bonhomme. Le latin procyonoides signifie "qui ressemble au raton-laveur".


Le raton-laveur (Procyon lotor) est une espèce originaire d'Amérique du nord. Il a lui aussi été introduit accidentellement en Europe, au moment de la seconde guerre mondiale dit-on, lorsque des militaires américains le trimballait comme mascotte. On l'observe régulièrement le long de la rivière qui coule dans ma vallée. C'est un procyonidé: il a sa propre famille, qui comprend aussi les coatis, et serait donc moins proche des canidés que des mustélidés...

Le blaireau (Meles meles) est quant à lui un mustelidé. Plus proche anatomiquement de la loutre et de la belette que du chien: qui l'eut cru? Pas moi en tout cas. C'est un très bel animal nocturne aux mœurs et au régime alimentaire similaire à ses deux compères.

Ces trois animaux au masque noir et blanc vivent en France, chacun ancré dans la culture populaire de son pays d'origine. Moi j'y vois un peu plus clair.





lundi 25 décembre 2017

Ascension du Mt Fuji

Bon je vais laisser un peu de coté les Tanuki, qui me posent trop de problème de dessin (je suis pas content). 

Pour me rafraichir les idées, je suis allé faire un tour sur le Mt Fuji. A la 5e station de l'itinéraire "Kawagutchiko", accessible en bus, on peut visiter un petit sanctuaire Shinto très joli, caché derrière un parking dégueulasse et des boutiques qui le sont tout autant. Bien que le chemin ne soit pas carossable, Google l'a numérisé et on peut donc le visiter. 

On retrouve à chaque étape de cette "télé-visite" (visite à distance) une charmante famille. En somme, ils nous accompagnent dans l'expérience. Mais leur visage est bien entendu flouté, alors je dois l'imaginer.

Là par exemple, de toute évidence, j'ai raté les deux gosses. Je me suis lancé sur une séquence en 11 cases: j'aurais largement le temps de me rattraper. A suivre...

dimanche 3 décembre 2017

TANUKI !!!

Cet ours un peu con, c'est bien sûr un Tanuki! Après quelques recherches, je suis tombé bien vite sur une iconographie riche et dense. L'histoire et les nombreux symboles associés à cette figure demanderaient pour être compris un long travail d'investigation, que je vais poursuivre.

Ce qu'on peut retenir dans un premier temps c'est que le Tanuki est un animal-esprit de la forêt dont la représentation est devenue populaire au Japon à partir de l'aire Edo (c'est à dire longtemps). On le représente toujours se tenant sur 2 pattes, arborant un chapeau de paille, une bouteille de saké, des lettres de créances et, surtout, une énorme paire de testicules!

Statue de Tanuki arborant des fruits de Physalis.

Qu'il soit taillé dans la pierre, dans le plus noble des bois (ci-dessus) ou moulé dans une céramique vernissée dégueulasse (ci-dessous), il est toujours affublé d'un scrotum hors de toute mesure. J'ai lu des choses passionnantes sur l'origine de cette disproportion; on retiendra surtout le caractère "porte-bonheur" (fertilité, chance, fortune, blablabla) que l'époque moderne lui attribue et le fait placer devant les magasins et restaurants.

Tanu-kitsch que l'on trouve en format réduit aux quatre coins du Japon moderne. Il ressemble à un petit Ewok pervers.

Pour faire le tour de la question, je suis allé visité le temple bouddhiste Morinji, dans la préfecture de Gunma, au nord de Tokyo. L'allée principale est bordée de 22 statues de Tanuki qui forment une haie  d'individus gentiment obscènes et rigolards, présentant une belle diversité d'interprétations du mythe. L'un d'eux à la forme d'une théière, en référence à un comte populaire impliquant un moine du temple et un individu facétieux. Les Tanukis ont en effet la capacité de changer de forme: je serai contraint d'y revenir, il y a vraiment trop à dire!






lundi 27 novembre 2017

Un fantôme et un ours un peu con

Dans les rues d'Osaka, quelques plantes au portail d'une maison et un fantôme de chiffon qui pendouille.

Dans un autre quartier d'Osaka, dont j'ai oublié le nom, une curieuse mascotte à l'air un peu con regarde en l'air avec ce qui ressemble à un sac à commission. A première vue il s'agit d'un ours, mais ça pourrait aussi bien être un tanuki. J'aimerais creuser la question.

samedi 11 novembre 2017

Des visages dans la rue

Difficile de voyager au Japon à travers le filtre "Street-View" sans ressentir un léger manque d'incarnation. Ce ne sont pas les passants qui manquent pas dans les rues, mais leur visage est systématiquement flouté. Même les publicités et les affiches électorales sont floutées. L'algorithme détecte des yeux-un nez-une bouche et hop, il gomme le masque. J'ai déjà du commettre plusieurs dessins avec un visage brouillé. Mais aujourd'hui j'en ai un peu marre. Je crois que je préfère leur inventer une identité.

Two creepy teenagers dans un décor post-apocalyptique, près de Kagoshima. 


Deux forcenés du travail manuel discutent près d'un temple à Osaka.


lundi 6 novembre 2017

Japon, voyage imaginaire

Nicolas de Crécy cite Fernando Pessoa à propos de la démarche de son carnet de voyage imaginaire à Lisbonne: "A quoi bon voyager ? Pour voyager il suffit d'exister". 

De retour de Lisbonne, il confia une quarantaine d'aquarelle à l'écrivain Raphaël Meltz qui s'en inspira pour construire un récit de voyage de 4 jours. Une expérience qui prend à rebours le traditionnel carnet de voyage en utilisant la puissance de l'imagination plutôt que l'entassement des preuves du réel. 

Je jubile en découvrant l'existence de ce travail, et je ne peux m'empêcher de reprendre Pessoa à mon compte, tant mon voyage au Japon lui semble lié:


"Voyager? Pour voyager il suffit d'exister.
Je vais d'un jour à l'autre comme d'une gare à l'autre, dans le train de mon corps ou de ma destinée, penché sur les rues et les places, sur les visages et les gestes, toujours semblables toujours différents, comme, du reste, le sont les paysages.
Si j'imagine, je vois. Que fais-je de plus en voyageant? Seule une extrême faiblesse de l'imagination peut justifier que l'on ait à se déplacer pour sentir. (...) C'est en nous que les paysages trouvent un paysage. C'est pourquoi, si je les imagine, je les crée, ils existent; s'ils existent, je les vois tout comme je vois les autres. A quoi bon voyager?"
(...)
Les voyages, ce sont les voyageurs eux-mêmes."

Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité, 1913-1935


Une autre vue de ce fabuleux jardin de seuil à Osaka.


lundi 30 octobre 2017

Jardin de seuil


A chaque fois que je les dessinais, je pensais à ces espaces que l'on rencontre si souvent au Japon comme des "jardins de rue". Je ne sais pas s'il existe un terme en japonais qui recouvre le concept. En fait, il s'agit bien plutôt d'occuper le seuil que la rue. Ce sont des "jardins de seuil". C'est à dire de l'interface entre la rue et l'habitation. Certains habitants ne l'utilisent pas du tout. La plupart s'en servent pour étendre l'espace habitable, toujours dans la limite du raisonnable et d'une décence civique, que j'imagine ici puissante et respectée. On occupe au maximum l'espace qu'occupe un vélo que l'on gare sur le pas de porte. 

Tout l'espace contenu entre la porte et la roue du vélo peut être rempli de son propre "chez soi", de son propre intérieur, que l'on aurait retourné comme une chaussette. J'ai parlé du tabou qu'il existait à se mêler de cet intérieur exposé. On doit passer devant comme on se fraie son chemin dans la foule: sans regarder sur les cotés.

Même la froide et algorithmique Google-car semble impudique à cet habitant surpris en train de bichonner un petit érable en pot. Je me sens délicieusement coupable de dessiner ce japonais dans son intérieur-extérieur et, finalement, je me dis que je n'aurais jamais pu le faire sans l'aide de la multinationale californienne, qui m'épargne d'avoir à voler moi-même ce moment!




lundi 23 octobre 2017

Objets du bord de mer

Quelques derniers dessins à Kamogawa, avant de repartir pour Kobe, pour rassasier ma fascination. J'avale avec gourmandise ces amas de filets, d'algues séchées, de baquets en plastiques décolorés par le soleil et de morceaux de bois rongés par le sel, avant de retrouver la ville.